La plupart des granulats suisses sont constitués par un mélange de différents types de roches. On rencontre ainsi pratiquement partout des granulats contenant, en proportions variables, des roches plus ou moins alcaliréactives. Parmi les granulats suisses, seuls les calcaires purs, les dolomies, les schistes calcaires et les marbres, qui ne sont ni gréseux ni siliceux, sont considérés comme non alcali-réactifs. Toutes les autres types de roches, comme les calcaires siliceux, les grès, les gneiss, les roches vertes, les granites et autres roches cristallines, présentent une alcali-réactivité potentielle.
En Suisse, les roches non alcali-réactives sont rares et surtout présentes dans l’arc jurassien. Les granulats roulés du Plateau suisse sont plutôt peu sensibles aux teneurs habituelles en alcalins des bétons. Cependant, dans le cas de teneurs en alcalins élevées et un environnement humide, ces granulats peuvent réagir fortement.
Les granulats des Préalpes et Alpes peuvent être parfois très réactifs et provoquer des désordres significatifs, même en présence de faibles teneurs en alcalins du béton. Les granulats riches en feldspaths et en micas altérés peuvent constituer une source d’alcalins interne au béton et favoriser la réaction.
La norme SN EN 12620 considère par principe le granulat recyclé, p. ex. le granulat de béton ou le granulat de gravats mixtes, comme potentiellement réactif. Les granulats industriels tels que le verre, le verre expansé, ou l’argile expansée contiennent de la silice amorphe et sont généralement classés comme potentiellement réactifs.
Adjuvants
La teneur en alcalins de certains adjuvants, p. ex. les fluidifiants ou les accélérateurs, influence de manière significative les gonflements dus à l’alcali-réaction. De ce fait, tous les adjuvants entrant dans la formulation d’un béton doivent être compris dans la recette testée par l’essai de performance du béton.
Additions
Les additions permettent, non seulement de réduire la teneur en clinker du ciment, mais aussi de baisser, dans le béton, la valeur pH et la concentration en alcalins de la solution interstitielle des pores. De cette manière, l’alcali-réaction des granulats est diminuée, voire empêchée. L’emploi de farine de roches pouzzolaniques (p. ex. trass, phonolithes) doit être absolument contrôlé. Selon leur provenance et /ou la combinaison avec un granulat donné, elles peuvent avoir un effet positif, mais aussi négatif sur la RAG.
Rapport E/C
Un rapport E/C bas conduit à une faible porosité capillaire et à une structure du béton plus dense. Ceci freine la diffusion des alcalins vers le granulat réactif et réduit l’apport d’eau externe. Un rapport E/C élevé provoque, par le biais de la porosité capillaire plus élevée, une saturation en eau cyclique plus rapide et plus élevée. De plus, l’apport externe d’alcalins par les sels de déverglaçage peut augmenter. De ce fait, le risque de dégâts accompagnant la RAG se renforce (corrosion, gel).
Les bétons denses ne sont pas, par principe, résistants à la RAG. Ils ne sèchent que très lentement, voire jamais complètement lorsque l’épaisseur de l’élément est importante. Ils peuvent posséder un taux d’humidité suffisant au coeur du béton pour provoquer une RAG. Lorsque le rapport E/C baisse, la quantité d’eau dans le volume de pores diminue et la concentration en alcalins et la valeur pH de la solution de pores augmentent. Ainsi l’agressivité de la solution des pores vis-à-vis des granulats s’accroît.